L'épisode 30 millions d'amis
Il était une fois l’amie des animaux. Celle sur qui tous les chiens (ou presque) s'arrêtent dans la rue pour être caressés, celle pour qui les chien tirent sur leurs laisses pour venir quémander un petit peu d'attention (à un tel point que parfois, qu’elle se demandait si elle n’avait pas inspiré l'histoire des 101 dalmatiens quand Pongo veut choisir une femme à son maître; et oui elle est un peu égocentrique), celle sur qui les chats se frottent et montent sur les genoux,celle qui dès qu'elle apparait devant un champ fait arriver tous les chevaux du champ, celle qui s'est faite suivre par ces mêmes chevaux tout au long du champ, celle qui s'est faite attaquée (trois fois) par une même mouette (apparemment follement amoureuse) qui en fondant sur elle, souhaitait un gros bisou etc.
Tout le monde sait que les grandes villes sont impestées de
charmants volatiles nommés : pigeons. Au début, l’amie des animaux aimait
bien les pigeons. Elle trouvait qu’il fallait les défendre ces petites bêtes
que personne n’aimait. Les pauvres. C’est triste ! L’amie des animaux
s’attendrissaient de les voir faire « leurs ptites maisons » sous les
ponts de
la Vilaine.
Elle aimait bien les regarder percher sur les murs et dans les vitraux des cathédrales. Elle pensait qu’en voir un blanc ça lui porterait chance. Oui, elle était un peu conne aussi.
Et puis, comme elle était vraiment l’amie des animaux, un jour deux pigeons ont choisi son immeuble, au neuvième étage, sur son petit balcon pour venir se poser et papoter un peu entre eux. Au début, ils venaient par-çi par-là. Elle avait tenté de les apprivoiser. Approche douce en les regardant par la fenêtre. Elle avait même réussit à ouvrir la porte du balcon sans qu’ils ne s’envolent. C’était des pigeons amoureux. Ils faisaient des « rouuu-rouuuuu ».
Et puis ce fût l’été. Et l’amie des animaux quitta la ville pour d’autres horizons, oubliant les pigeons. Totalement.
Et puis –forcément- un autre jour, ce fût la rentrée. Elle rentra chez elle.
Quelle surprise de voir que son balcon avait bel et bien été prit d’assaut.
Il faut dire que le balcon en question était un vrai bordel. Une sorte de cave, un grenier qu’on n’a pas. Des petites étagères, des bouteilles en verre qu’on stocke parce qu’on a la flemme de les descendre au recyclage, un seau, des balais divers, un vieux –énorme- range CD cassé, un truc à roulette pour les déménagements, tout ça tout ça. L’endroit propice pour s’installer à l’abris des regards et fonder le nid d’amour dont on avait tant besoin.
Mais l’amie des animaux n’était pas folle. Les pigeons c’est bien gentil mais ça chie partout. Et le mot est faible. Dès qu’ils ont un petit stress « paf » ça sort. Et un oiseau ça se stresse beaucoup alors, les crottes, yen avait un bon paquet. Et puis à l’époque c’était la grippe aviaire. Et puis fallait pas déconner non plus. L’amie des animaux n’est pas l’amie des animaux au point d’adopter des pigeons. En plus c’est peut-être l’amie des animaux mais c’est pas pour ça qu’elle considère tous les animaux comme ses amis. Eh oui. Les pigeons sont des oiseaux et les oiseaux elle déteste ça. Elle en a peur, comme d’autres ont peur des araignées. Une oiseauphobe quoi. Donc l’amie des animaux a nettoyé son balcon. Et puis elle l’a rangé aussi.
Les copains sont revenus une ou deux fois et puis l’hiver venant ils ne sont plus venus.
L’été suivant, l’amie des animaux repartit encore sur d’autres routes. Et quand elle revint, devinez ce qu’elle vit sur son balcon ? L’inondation de crottes de pigeons, des plumes et pire…un œuf ! Et là ce fût le drame. Les œufs, c’est bien en omelette sinon elle en est un peu phobique. En fait, elle l’est carrément quand c’est pas des œufs d’Intermarché (des œufs bios quand même de « poules élevées en plein air »). Elle en est pas phobique parce que ça sort du cul de l’oiseau mais parce que :
1. un jour, sa cousine lui a ramené des œufs de la ferme, tout blanc et avec un goût tout bizarre (oui c’est comme quand tu goûtes le lait qui vient de sortir du pis de la vache, c’est pas vraiment pareil que le Candia hein) et c’était dégeuuuuuu.
2. sa mère et sa sœur bouffe tout le temps des œufs de caille et elle trouve ça dégueu d’oser faire ça.
3. sa grand-mère lui achetait toujours des « œufs de
mouette » et même si elle savait qu’elle les avait achetés chez le chocolatier,
elle avait toujours le doute tellement on aurait dit des vrais, des vrais dont même si ok c'était du chocolat dedans, la coquille ne pouvait qu'être une vraie!
4. un jour, elle a vu un reportage sur les chinois qui bouffaient des œufs mais avec le fœtus de poussin carrément formé (et c’était immonde !!!!!!!!)
5. souvent ya des ptits bouts de plume sur les œufs et pire quand tu les casses, ya du sang dedans (et c’est beurkkkkkkkkkkkkkkkk)
6. un œuf ça reste un œuf et un œuf c’est un bébé
Bref, l’œuf là sur son balcon, tout blanc, tout visqueux, tout petit, tout BEURKKKKKKKKK. L’amie des animaux a appelé sa maman : « j’ai peur maman ». Et sa maman a enlevé l’œuf et l’a mangé…
(ahahah ! Non je rigoleeeeeeeeee !)
Sa maman a enlevé l’œuf et l’a mit dans un carton. Et puis comme ce n’est pas tous les jours qu’on se demande ce qu’on fait d’un œuf réel en pleine ville, bah elle l’a mit dans la poubelle, refilant carrément le problème aux éboueurs.
Un autre été arrivait. L’amie des animaux cette fois allait prévoir le coup. L’œuf fût le coup de grâce. Elle disait : plus jamais comme ça !!!!!!!!
Avant de partir vers d’autres horizons, elle bloqua consciencieusement et avec applications les coins appréciés des monstrueuses bêtes, avec des cartons et avec des balais. Elle s’en alla confiante.
La rentrée arriva. Retour au balcon.
Un balcon à nouveau plein de crottes de pigeons. Mais heureusement pas d’œufs.
L’amie des animaux commençait à perdre patience. Surtout qu’elle n’avait pas encore le temps de nettoyer le balcon. Et puis faut dire que c’était pas son job. Deux personnes ont vécu à l’appartement durant l’été (TOUT l’été) et ont laissé les pigeons s’installer tranquillement –les cons ! On se demande même si ce ne sont pas eux qui ont poussé les cartons pour se faire une place dans le coin ! Alors depuis trois semaines, les pigeons reviennent. Ils ne sont pas deux mais plusieurs à venir un par un ou par deux. Et dieu qu’ils sont laids !!! C’est pas pour arranger la phobie de l’amie des animaux sur les oiseaux quand elle voit un pigeon se ramené sur son balcon, tout sale avec des trous, des yeux rouges, et plus de plumes sur le cou. Le pire c’est que le matin, un arrive et commence à chanter la sérénade –rrrrrrrrrrrrrou-rrrrrrrrrrrou- alors que l’amie des animaux voulait dormir. Toute façon elle ne supporte plus ce bruit, surtout depuis qu’elle a vu ce pigeon infâme ! Alors elle se lève et elle veut tuer du pigeon. Mais elle sait que si par exemple, elle lance un objet –et qu’elle réussit à le toucher- et que le pigeon tombe les neufs étages droit sur le parking de l’immeuble, les voisins, ou plutôt les voisines –des mémés qui passent leurs temps à la fenêtre- auraient vite fait de la dénoncer.
Elle pense sérieusement à mettre de l’eau de javel sur le rebord du balcon (là où ils se posent la première fois avant de descendre sur le balcon même) ou de l’acide. Enfin quelque chose. Seulement de penser qu’un pigeon tout déglingué va se poser là, que ses pattes vont brûler et qu’elle fera de lui un oiseau sans pattes –et pire qu’il ne puisse même plus s’envoler alors qu’est-ce qu’elle en fera ?- la laisse perplexe. Elle veut pas tuer de pigeons pour la bonne raison (en plus de sa moralité à toute épreuve évidemment) qu’elle ne veut pas avoir à se débarrasser du corps. BEUUUUUUUUUUUUUUURK ! Pire que les œufs.
Lecteur, si tu sais comment aider l’amie des animaux, aide-la.
Lecteur si tu veux nettoyer le balcon de l'amie des animaux, fais-le.
Avant qu'il se passe ça:
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